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luy feist ia reverence pour toute la Ville, et luy dit ce qu'il s'ensuit :
chers, arbalestriers et hacquebutiers, bien montez et équipez de leurs hocquetons et portans la javeline de barde;
Après inarchoient les sergens de la ville à cheval, vestuz de leurs robbes my parties et leurs navires d'orfaverye sur l'espaulle ;
Après mess™ les Prevost des Marchans et Esche­vins, vestuz comme dit est;
Après mess" les Conseillers de lad. Ville; 'Après mess" les Quarteniers;
Après les bourgeois de chascun quartier mandez;
Après eulx, marchoient les gens et train dud. Le­gat avec son dataire;
Après marchoit mond. sr le Legat, acompaigné de monseigneur le Cardinal de Meudon.
Et en entrant en lad. Ville, à lad. porte Sainct Jacques, leur fut mys led. ciel de damas blanc sur eulx, qui fut porté par lesd, maistres et gardes de la Drapperye jusques à Sainct Benoist, où il fut prins par les maistres de l'Espicerye et porté jusques à Sainct Yves, où estoient les maistres de la Merce­rye qui le prindrent et le porterent jusques à l'Hos­tel Dieu, où le prindrent les maistres del'Orfaverye, qui le porterent jusques à Nostre Dame.
Après lesd. Cardinaulx, marchoient mess" de la court de Parlement, vestuz simplement de robbes noires, et devant eulx leurs huissiers aussi vestuz de noir et tenans verges en leurs mains.
Harangue faicte par le Recteur. Et cn passant par devant Sainct Estienne des Graiz, led. seigneur Legat s'arresta pour oyr et entendre la harengue qui luy fut faicte par le Rec­teur de l'Université, en la maniere acoustumée d'an­cienneté. Et continua son chemyn jusques à Nostre Dame, où il fut receu par mons'l'Evesque de Paris, acompaigné de son doyen et chanoines, et conduict jusques devant le maistre hostel, en chantant Te Deum laudamus. Et là feist les sermens acoustumez et donna la benediction au peuple'3'.
HARENGUE FAICTE A MONSEIGNEUR LE LEGAT.
"Monseigneur Reverendissime, les habitans de ceste ville de Paris, cappitalle du très chrestien Royaulme de France, très humbles et très obeyssans subgectz du Roy très chrestien, premier filz de nostre mere saincte Eglise, le plus excellent, vertueulx, victorieulx et magnagnime de tous les Princes de la terre, se resjouyssent à vostre nouvelle venue, et vous présentent par moy, pour tous les estatz d'icelle ville, très humble reverence en tel honneur et obeys­sance qu'ilz doibvent et veullent porter au sainct et très sacré Siege Apostolique, duquel vous faictes icy la légation; supplient très humblement le Pasteur Souverain, espoulx de nostredicte mere l'Eglise, voulloir par sa bonté inspirer au cueur de nostre Sainct Pere, son vicaire et lieutenant en terre, Evesque et Pasteur de toute la Republique Chres­tienne, la volunté de dellaisser les armes qu'il a prinses contre le Roy'1', premier filz d'icelle Eglise, pour ambrasser la paix et donner à tout ce grant trouppeau pasture qui soit à luy et à nous fructueuse et salutaire. Monseigneur, vous soyez Ie très bien venu, n
Led. seigneur Reverendissime luy feist responce en langue italienne. Et entre autres choses luy dit que nostre Sainct Pere avoit en singuliere recom­mandation le Roy, qu'il tenoit pour très cher filz de l'Esglise et que la guerre s'estoit meue plus par l'in­discrétion des ministres de Sa Saincteté que par sa volunté.
Y allerent aussi mess" de la Court de Parle­ment'2' et des Comptes en leurs habitz noirs, qui feirent autre harangue pour lesd. Courts.
Ce faict, s'en retournerent par la porte Sainct Jacques, en l'ordre qui ensuit:
Premierement, marchoient lesd, trois bandes d'ar-
O Le conflit entre Jules III et Henri II avait pour origine la protection accordée par ce dernier au duc de Parme que le Pape, de concert avec l'Empereur, voulait déposséder. Jules avait excommunié le Roi et menaçait de mettre le royaume en interdit. Henri II, par représailles, défendit à ses sujets de porter de l'argent à Rome et de s'adresser à d'autres qu'aux ordinaires pour toutes les affaires ecclésiastiques. Le Pape se radoucit bientôt et s'employa méme à faire la paix entre le Roi et l'Empereur.
(2) Le Parlement avait reçu la vedle une lettre du Roi, datée de Fontainebleau, le 9 décembre, l'invitant "à l'honnorer [le Légat] à son entrée ennostre bonne ville de Paris, recevoir et accompaigner; ainsi qu'il est accoustumé en semblable cas». La cour nomma aussitôt, pour aller au devant du Légat, une députation composée de ses Présidents et de seize Conseillers. (Reg. du Corneil, X1' 1571, fol. 85.)
'3) Le Registre capitulaire du i3 décembre 1551 conlient une relation détaillée de la réception qui fut faite au Légat Veraldo en l'église Notre-Dame de Paris. (Archives nat., LL 25o, p. 397.)
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